jeudi 27 mars 2008

CHARLES REID parle du dessin du personnage


Charles Reid, renommé pour ses aquarelles du personnage, nous parle dans un article du numéro Printemps 2008 Watercolor. Lorsqu’un maître de son calibre, qui a produit onze livres sur la technique de la peinture dont dix sur l’aquarelle, écrit dans une revue, je l’achète et réfléchis sur ses paroles.

Je partage donc avec vous ses idées que je traduis librement de l’anglais. J’ajoute aussi mes commentaires aux siens.


Reid : « La maîtrise du dessin est critique pour le personnage à l’aquarelle. Si on peint des sujets plutôt abstraits et libres à l’interprétation, on peut s’en tirer avec un dessin imprécis. Mais pour le personnage et le portrait, il faut que le dessin soit correct.» Il continue en disant que lorsqu’il voyageait beaucoup il dessinait les gens à l’aéroport. Selon lui dessiner sur le motif est la façon la plus facile pour apprendre à dessiner le personnage.

Murphy : Souvent un élève me demande où trouver des sessions de modèle vivant afin d’améliorer son dessin du personnage. Mais si je rencontre cette même personne au café ou ailleurs, il est rarement avec carnet et crayon à la main. Pourtant les modèles sont tout autour de lui et ceci gratuitement. Personnellement je ne quitte jamais la maison sans au moins un carnet et un crayon ou un stylo feutre. C’est une question d’habitude et de discipline.



Reid : « Je ne planifie pas mes peintures. Je commence simplement à dessiner et à peindre. Je trouve que faire de petites études préliminaires ne fonctionne pas. Elles se traduisent mal en un plus grand format.» Il ajoute que c’est beaucoup plus plaisant (more fun) de ne pas avoir un plan. Il compare son approche à une autre forme d’art, celle du jazz dans le sens qu’il improvise, qu’il performe lorsqu’il peint.

Murphy : L’aquarelle est un médium qui se prête à la performance plus que d’autres médiums. Sans dénigrer la peinture à l’huile, que j’ai longuement faite lors de mes débuts en art, j’ai tenté d’y revenir il y a quelques années en m’inscrivant à un atelier. J’ai vite réalisé que ce qui me frustrait tout le long de la semaine c’était le manque de spontanéité lié à ce médium ainsi que la possibilité de corriger. Le dessin et l’aquarelle ne pardonnent pas si facilement donc ces médiums se prêtent plus à l’invention, à la spontanéité. Enfin, chacun trouve le ou les médiums qui correspondent à sa personnalité. Pour moi le dessin et les médiums à base d’eau répondent à l’aspect performance et invention et me conviennent.



Reid : « Simplifiez, sachez ce que vous voulez dire, reculez de temps en temps et regarder votre peinture à l’envers afin de vérifier si tout fonctionne.» C’est le conseil que Charles Reid offre aux artistes lorsque Watercolor Magazine lui demande qu’est-ce qu’il considère la suggestion la plus importante à partager avec les artistes à qui il enseigne.

Murphy : Si on m’avait posé la même question j’ajouterais : « Arrêtez de peindre uniquement d’après photos si vous le faites constamment. Recherchez vos sujets dans le quotidien, dessinez sur le motif et servez vous de photos références seulement pour appui une fois que votre étude à été faite sur le motif.»



NOTE sur les dessins illustrés : Le dessin contour a été fait avec un stylo feutre type Micron. La couleur à été ajouté soit avec un pinceau réservoir ou un pinceau voyage Isabey Petit Gris avec des pigments Sennelier et Fragonnard. Les marqueurs COPIC ont été utilisés dans quelques dessins. Ces produits sont disponibles chez Art Tec à Montréal.



Raynald Murphy sca

jeudi 20 mars 2008

QUICK SKETCHES OF BOARDING PASSENGERS – Central Station, Montreal


A few days ago I happened to be waiting for my wife at the train station. Luckily for me the arrival was delayed and I had the chance to do some quick sketches of passengers waiting to board.

People in lineups, especially at train stations, bus depots or airplane terminals are good models to draw because they stand around waiting, talking and drinking coffee. I have noticed that although never totally immobile most tend to revert back to the same posture over and over again.

An added visual element is the occasion to draw people carrying luggage either on their backs or over a shoulder. The varied shapes, colors and textures from the combination of people and baggage make for interesting compositions.

Because one has to work quickly, often from a certain distance and sometimes from an uncomfortable viewpoint I have found that sketching with of a fine point felt pen and permanent felt markers works best.

My standard procedure is to sketch the contour of the subject with a thin felt marker and then render the flat shapes with the broad nib end of the double-ended marker. When time permits I add a watercolour wash over parts of the drawing using a reservoir brush and pan colors.

All of the illustrated sketches were done in a 4 x 6 inch sketch book. If the paper is thin I place an extra sheet of backing underneath the page being sketched on. This prevents the markers from seeping through to the next page.

With a little practice you will find that the vibrant colors of the markers make for a wonderful sketching companion. They combine well with permanent felt tip pens and watercolor.

Now, for your next “trip” take a trip to your nearest train, bus or plane terminal and sketch trippers!


TECHNICAL NOTES: All of the illustrated sketches of passengers were done in a 4” x 6” Modeskin Pentalic sketch book. I sketched the contour lines with a Pigma Micron archival ink pen (Waterproof and fade proof). COPIC Markers were used to render the masses. These markers are fast-drying, double-ended and available in 322 colors. They are also refillable, permanent, non-toxic and dry acid-free. The watercolor washes were added with a reservoir brush and Fragonard pan colors. All these supplies are available at Art Tec in Montreal.

The painting of “Tools for Quick Sketches” (8 ½ “ x 10”) was done on Peterboro Illustration Board No. 79. I used a HB pencil to draw the bones of the set-up, then re-drew the contours with a Micron 01 pen and used both COPIC markers and Sennelier watercolour pigments to paint the elements. The watercolour was applied with an Isabey Petit Gris brush.



Raynald Murphy sca

vendredi 14 mars 2008

PEINDRE LA GROSSE INDUSTRIE – Ancienne Usine d’Alma, Québec


Tout se dessine ou se peint. Lorsque j’ai peint et croqué ces œuvres à partir de l’ancienne usine d'Alcan d’Alma, Québec, j’étais attiré par les formes irrégulières et par les textures. C’était à la fois stimulant et un défi de peindre à partir de ces éléments de la grosse industrie.

L’artiste a toujours besoin, je crois, de se motiver surtout s’il a l’habitude de dessiner ou de peindre à partir des mêmes motifs. Une façon de sortir de la routine est de dessiner ou de peindre, tel que je l’ai fait à Alma, à partir d’un motif inhabituel.

Une autre façon est de réfléchir sur les paroles d’artistes ou d’auteurs de renom tel que Kimon Nicolaïdes. Cet éducateur est devenu « un deuxième père » pour des centaines d’étudiants qui ont suivi ses cours au Art Students’ League of New York. Malheureusement, son livre The Natural Way to Draw publié en 1941 n’a pas encore été traduit en français (que je sache).


Je partage avec vous des citations tirées d’un livre devenu un classique. J’espère que ces pensées vous motiveront de dessiner et peindre tout et n’importe quoi.

« Je crois qu’on met trop d’importance sur les peintures et les dessins qui sont faits lors des cours dans les écoles de beaux-arts. Si vous apprenez à chanter, votre professeur vous enseignera premièrement comment respirer. On ne s’attend pas que vous chantiez vos premiers exercices devant une audience. On ne devrait donc pas exiger que vous exposiez vos premiers exercices de dessin.

C’est dommage que la plupart des étudiants, soit par leur faute ou celle de leurs enseignants, ont une peur terrible de faire des erreurs. Plus vite vous faites vos premières cinq mille erreurs, plus vite vous pouvez les corriger.

Nous dépendons trop du visuel. Il est nécessaire de vérifier tout ce que vous voyez avec vos autres sens – l’ouïe, le goût, la senteur et le toucher – et l’accumulation de l’expérience. Consciemment ou non vous allez dessiner ce que vous voyez selon l’expérience que vous avez de ces motifs et de ceux qui leur ressemblent.

On peut dessiner généralement ce qu’on connaît bien, qu’on soit artiste ou non.

Si on me demandait quel est l’élément plus que tous les autres qui enseignerait à l’étudiant à dessiner, je répondrais, Dessinez – sans cesse, furieusement, assidûment .

Le talent est quelque chose qui se développe ou apparaît lorsque vous êtes en train de travailler. Il ne reste qu’à faire l’effort nécessaire.

L’étudiant qui apprend vraiment à dessiner est celui qui dessine. »


Raynald Murphy sca

NOTE : Le XXVe Salon de la Société canadienne de l’aquarelle sera à Alma, Québec du 31 mai au 8 juin 2008

vendredi 7 mars 2008

TRAPPED SHAPES – a Eureka moment


Think “Trapped Shapes” rather than negative space

I had a Eureka* moment when I discovered “trapped shapes”. Bert Dodson in Keys to Drawing says: “If you see a “trapped shape”, draw it.” Now I see “trapped shapes” everywhere and draw them with gusto and hopefully with more precision.

Having been hooked on drawing for over forty years I knew what negative space was. We call the void between the rungs of a rocking chair negative space. But it seems the term “trapped shape” is more meaningful than “negative space”. A “trapped shape” is the triangular shape under a person’s arm when he puts his hand on his hip. It is the undulating shape formed under a chin and snaking to the shoulder when the forward facing model shifts her head to a profile position. “Trapped shapes” are not only found around people. They are everywhere. Shapes are also “trapped” between people or things.


Working from the specific shapes to the overall shape

Most art technique books suggest drawing the large general shape first and finishing with the smaller shapes. Personally, I feel that there is room for an alternative strategy at times. One can build the composition from the smaller shapes. Using “trapped shapes” as building blocks can be a useful approach.


Involve your emotions and you might improve your drawing

When drawing, the time tested rule is: Draw shapes, not the object or person. Another related directive is: You will be more successful at drawing what appeals to you or what attracts you. This second suggestion involves the emotions. And emotions deal mostly with specifics not generalities.

Therefore, to first draw interesting particular shapes and be emotionally involved in the chosen motif helps. When in front of a subject seek out those irregular, interesting and odd shapes. Draw them immediately before the emotions wane.


Looking at trapped shapes intensely is like fitting the right piece in the jigsaw puzzle

Have you ever wondered how we are able to pick out of a thousand piece jigsaw puzzle just the right shaped piece to fit a particular space and very often with very little color clue? The human mind is excellent at fitting shapes into shapes. It is innate. Little teaching is needed to master jigsaw puzzle assembling. We spend our lives easily maneuvering our bodies through spaces, through crowds for example. Think for a moment about how we are able to drive our cars at tremendous speeds often only a few inches away from another vehicle. We are hard wired to recognize shapes and move them around and around them.

Look for “trapped shapes” whenever and wherever you draw or paint. You too might become addicted to drawing them and hopefully your drawing will improve too.

Finally, seeing shapes not things became so popular in course of history that cubism, for example, grew out of the practice of composing with shapes not things.

*Eureka (Greek "I have found it") is an exclamation used as an interjection to celebrate a discovery.

TECHNICAL NOTE: The life drawings were done with a variety of graphite pencils from 2B to 8B in an Art Tec Sketch Pad ( 11 x 14 ) from 5 or 10 minute poses at a Radio-Canada life drawing session.

Raynald Murphy sca

dimanche 2 mars 2008

DESSINS RAPIDES À LA FOIRE ALIMENTAIRE – La Place Vertu, Montréal


Aujourd’hui j’ai fait des dessins rapides à la foire alimentaire d’un centre commercial. J’aurais dessiné plus longtemps si on ne m’avait pas interrompu. Une dame s’est aperçue que je dessinais. Elle a mentionné qu’elle suivait des cours d’aquarelle et elle était d’accord avec l’importance du dessin. « J’ai l’intention de suivre des cours de dessin » me dit-elle. Plus tard j’ai réfléchi sur cette promesse. Si cette artiste en herbe est convaincue que le dessin est si important, pourquoi ne dessinait-t-elle pas au lieu de ne rien faire lorsque je l’ai aperçue assise sur un banc?


Voici ce que Paul Laseau dans le livre Ink–Line Sketching dit à propos du dessin, mais plus précisément le dessin rapide, surtout du personnage :

« En pratique nous ne devrions pas faire seulement du dessin plus soigné mais aussi tenter régulièrement de capter des sujets entre une et cinq minutes. Autrement votre expérience d’observation et de dessin ne se limitera qu’à des sujets accessibles et immobiles. Donc, vous éliminerez un sujet très important, le personnage. Les gens sont souvent la source d’animation, de vitalité ou de centre d’intérêt dans un environnement. En tant que sujets ils présenteront un défi qui vous aidera à développer vos habiletés. »


Dix stratégies du dessin du personnage en situation et en mouvement :

1. Asseyez-vous en retrait du sujet que vous désirez esquisser.

2. Il vaut mieux travailler dans un petit carnet type livre et non un qui est relié par des spirales. Ces derniers attirent l’attention des passants.

3. Dessinez avec des bouts de crayon courts afin de ne pas signaler par leur excessive longueur que vous dessinez. Encore mieux, travaillez aussi souvent que possible avec un stylo feutre, tel que suggère Paul Laseau dans son volume.

4. Placez quelque chose devant vous et appuyez-y votre carnet sur ceci. Cette barrière réelle et psychologique évite l’épiage et l’intervention des passants. Vous désirez dessiner et non converser.



5. Choisissez un personnage un peu à l’écart afin d’être discret. Commencez votre dessin en esquissant rapidement mais soigneusement la forme de la tête. Dessinez les autres parties du corps en proportion avec cette dimension. Quelques traits suffiront pour indiquer la position des jambes.


6. Observez la silhouette, la forme et le mouvement de la figure plutôt que les détails tels que les yeux ou la bouche. Vous ne dessinez pas un portrait à cette distance. Par contre, je trouve qu’il est important d’indiquer la forme d’au moins une des deux mains. L’allure des mains est parfois un indice important de sa disposition.


7. Si le temps le permet dessinez quelques objets qui l’entourent, tel qu’un verre par exemple. Ces objets placent le sujet dans un environnement.


8. Essayez de lier le personnage à un autre tout près si possible. Ou, vous pouvez faire le lien avec un objet tout près. Tel que déjà mentionné c’est le principe de placer le sujet en situation ainsi que de créer une composition variée.


9. Si le temps et la situation le permettent, tentez de dessiner un autre personnage à l’avant plan. Il peut être représenté simplement par quelques traits contours. Le fait de montrer une figure d’une taille plus imposante devant d’autres plus petites au loin créera l’impression de perspective.


10. Finalement, faites évoluer votre dessin simultanément par la ligne et par le volume. C'est-à-dire, il est recommandé d’ordre général d’alterner entre des lignes contours et le rendu des formes. Évitez de faire un dessin contour des formes et ensuite de remplir l’intérieur de celles-ci par des traits tels qu’on retrouve dans un cahier de dessin à colorier pour enfant.


Maintenant, à vos crayons la prochaine fois que vous allez au resto!

Raynald Murphy sca